acte 3 - Silvia Palma
La solitude, les moments d'angoisse, la panne de création, quand je serais grande, j'aurais des choses à dire...il y a un combat permanent entre la recherche au fond de soi même et la main et l'œil qui va traduire cette recherche et cela c'est prodigieusement intense et n'est pas le fruit du hasard, cela oblige à beaucoup d'humilité...
Parfois avant la peinture il y a les mots, les mots qu'on se dit, les mots qu'on écrit..
On se lit et là j'essaie de faire revivre les mots que j'ai choisi avec un trait, un signe, une couleur, un début de construction, je suis une femme qui se raconte en peignant !
J'ai changé 3 ou 4 fois de peau en 20 ans ! Mais la peinture que j'aborde maintenant n'est plus contrainte a aller dans le sens de ceux qui me caressent le poil. Je suis enfin libre et je sais que je malmène le regard de ceux qui ont accepté d'être malmenés ! il est 13h le silence dans l'atelier s'installe perceptible, tenace, digne...
Et puis il y a l'autre côté de la toile, c'est épuisant cette nécessité de concentration totale... Tout cela tient à un fil, et toujours en péril je recule, je regarde lentement ce qui prend forme, critique (l'œil), abandonnée je lâche prise. J' aimerais seulement être toujours en quête d'absolu et ne peindre qu'avec mes émotions !..
ça y est le parcours du combattant s'engage : reparcourir ses doutes, ses crises de découragement et de désespoir..La main et l'œil ne suivent plus, mais la couleur est là, la tessiture, le style.. être digne, droite, humble et en prendre son parti ! voilà le but, l'accomplissement nullement vain car je crois que d'autres par leur regard redonneront vie à ces toiles perdues avant qu'elles naissent...
Silvia
" Avoir en soi la mort, la mort sa totalité et dès avant la vie encore si doucement la contenir et ne pas en être mauvais !..Oh c'est inexprimable."
R.M. RILKE